Aucune tradition n'est sacrée dès lors qu'elle porte atteinte aux droits et à l'intégrité de l'enfant.

 

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Impressions d'Ethiopie - Mars 2007 - Christiane.

De nuit, vu du ciel, Addis Abeba se présente comme une guirlande lumineuse. Enfin me voilà sur le sol Ethiopien pour une quinzaine de jours pour Illalta et rendre visite au village de Gawani où se trouve notre projet. Avec Aicha, quelle n’est pas notre surprise d’apprendre par les autorités que l’on ne peut pas se rendre sur Gawani, le village est en quarantaine car il y a de fortes diarrhées. Ces fortes diarrhées se nomment choléra! Nous découvrons qu’il y a déjà beaucoup de morts dans cette zone. Notre programme initial est modifié.

Nous roulons sur la route du « commerce » entre Addis et Djibouti où des camions d’une autre jeunesse parcourent cette région Afar où le soleil brule les corps et la terre.

Après avoir quitté Awash nous empruntons la piste sur plusieurs kilomètres, rencontrant au détour d’un nuage de fumée des dromadaires, des chèvres, des vaches qu’une silhouette frêle, surveille avec amour son troupeau. Nous arrivons en Hane Dabbi, autre petit village perché sur une colline  au milieu d’un paysage volcanique où les habitations se confondent avec les pierres.

C’est ici que nous allons travailler. Là, au milieu de nulle part, surgissent des enfants, aux visages poussiéreux, aux joues creuses, et au regard triste. Nous rencontrons de jeunes mamans (13 ans) avec leur bébé dans les bras, elles veulent  que nous parrainions leur petites  filles afin qu’elles ne soient pas excisées.

Dure réalité car il y a très  peu de nourriture: un verre de lait et une galette par jour. Pas d’eau, car pour ces habitants l’eau est une denrée rare et chère, pas de possibilité de se laver, d’avoir un minimum d’hygiène. Pourtant nous rencontrons des mères qui essayent de lutter contre tous ces fléaux  et tout particulièrement contre l’excision et l’infibulation: la seule vue des épines d’acacia nous montre la cruauté de cette néfaste tradition. (C’est avec ces épines que l’on referme la partie génitale de la petite fille).

 C’est un appel au secours  pour les aider. Ces femmes sont décidées à faire des kilomètres à pieds avec le soutient du Cheik (autorité religieuse)  pour démontrer que  ces mutilations sont néfastes. Mais elles ont besoin de notre aide dans ce combat. La solution est de parrainer leur petite fille pour qu’elle soit sauvée de cette mutilation. Dans ce village il y a aussi une structure pour l’école; mais la vie est si dure que les maitres venant de la capitale ne restent pas, d’autant plus qu’ils n’ont pratiquement pas de matériel pour enseigner et aussi, comment apprendre à des enfants qui ont le ventre vide ?

 Avec toutes ces questions  nous repartons pour la capitale et là nous contactons  tous les services des droits aux enfants (comité inter Africain, les services ministériels …), d’autres associations qui travaillent sur la région Afar (Rohiweidu, Dadale…) qui sont nos partenaires dans cette lutte contre les MGF ainsi  que l’ONG ACEDE. Nous contactons aussi Fistula Hôpital qui fait un énorme et généreux travail pour remédier aux fistules de ces très jeunes mamans et leur faire retrouver leur dignité.

Merci au Dr Kouyaté, directeur des MFG du comité Inter africain qui a pris de son temps pour nous recevoir et nous montrer tout le travail qui est mis en marche pour lutter contre  les pratiques traditionnelles affectant la santé des femmes et des enfants. Oudoum, Madina, Fatouma, Halima, Zahra, toutes ces petites filles vont être parrainées, mais il y en a encore beaucoup d’autres fillettes qui attendent  un parrainage pour être sauver de ces néfastes traditions.

De retour en France, nous gardons au fond de nous  les beaux visages au regard triste de ces petites filles et de ces très jeunes mamans, comme celui d’Asma  cette jeune mère de 14 ans, qui à du laisser son bébé de 3 mois  au village pour venir sur Addis  avec l’aide  de bénévoles pour essayer de soigner une fistule et subir plusieurs opérations.

Après tous ces témoignages, nous ne pouvons que nous motiver pour éradiquer l’excision et l’infibulation. Mais il y a aussi les mariages précoces, qui sont une conséquence de toute cette misère, dûs au manque d’éducation. Malgré tous ces problèmes la population Afar accueille l’étranger avec dignité  dans cette région où l’on croise au détour de la piste  phacochères, dromadaires, buffles, chèvres, singes. Quinze  jours se sont écoulés, Aicha et moi avons vu beaucoup de monde, mis en place des parrainages, envoyé une maman avec sa fille en formation pour le tissage sur Addis Abeba. Tout cela nous avons pu le faire dans de bonnes conditions grâce à notre traducteur Ali qui lui aussi est notre partenaire dans l’association  Dadale ;

Maintenant doit trouver les moyens financiers pour pouvoir avancer dans toutes ces actions.

Aicha et moi sommes partagées entre joie et tristesse: joie d’avoir mis en place ces parrainages pour ces mamans, tristesse de ne pas avoir pu apporter notre aide au village de Gawani où des visages connus sont morts. Avec tous ces souvenirs nous sommes de plus en plus certaines que : « aucune tradition n’est sacrée dès lors qu’elle porte atteinte aux droits et à l’intégrité de l’enfant. »

Ethiopiennement Votre,

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